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Campagne du Soldat Léon PANTEIX

141éme Régiment d'Infanterie

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Léon PANTEIX est ajourné par la Commission de Réforme le 19 novembre 1913. Il est maintenu ajourné par la Commission de Réforme de Limoges le 25 juin 1914.


Il est appelé au service actif le 8 septembre 1915 et rejoint le 121ème Régiment d'Infanterie.


A cette date le 121ème Régiment d'Infanterie se prépare pour la bataille de Champagne.

Au début de septembre, sur tout son front, le régiment est à 150 mètres des tranchées ennemies et l’on ouvre des sapes qui seront l’amorce d’une parallèle de départ.

Brusquement, le 19, le régiment est relevé et va cantonner à Bus, Rollot et Guerbigny. Pendant quelques jours, le régiment occupe le secteur de Tilloloy, prêt à participer à une attaque qui est décommandée à la toute dernière heure.

Relevé à nouveau, il cantonne pendant trois jours à Pierrepont (8 kilomètres au Nord de Montdidier) et se retrouve en ligne au début d’octobre, à la lisière bien connue du Bois des Loges.

Dans les premiers jours de novembre, il appuie sur sa gauche pour occuper le secteur de Dancourt-Popincourt. Et, c’est de nouveau la plaine et l’inconsistance de son sol qui croule aux moindres averses et se transforme alors en mortier visqueux qui colle aux semelles. C’est à nouveau l’impossibilité de circuler de jour, en dehors des boyaux ; le travail incessant, autant que monotone, de réfection et de remise en état.

Un mois passe. Le 38ème R.I. vient relever le régiment, qui va d’abord cantonner dans la région au Sud-Est de Montdidier, puis dans l’Oise, au camp de Crève-coeur-le-Grand, jusqu’à la deuxième quinzaine de janvier.

Période très dure d’instruction, d’exercices et de manœuvres. Les cantonnements sont fort loin des terrains où l’on travaille ; on part avant le jour, pour ne revenir qu’à la nuit tombée et, en plein mois de janvier, par un froid sibérien, on n’apprécie que médiocrement les charmes d’un pique-nique journalier, sur la terre gelée et dans la bise qui cingle.

Toutefois, la manœuvre est intéressante ; ce sont de nouvelles méthodes d’attaque, de liaison avec l’artillerie et l’aviation, toutes les nouveautés qu’ont fait éclore treize mois de guerre dans les tranchées.

Dans la nuit du 16 au 17 janvier, il va occuper le secteur de la rive droite de l’Oise, la ferme de L’Écouvillon, La Carmoy, la ferme d’Attiche, La Poste et Ribécourt. Secteur des plus calmes, sauf au poste François, où tombent quelques minen. Les bataillons se relèvent normalement et les poilus du 121ème R.I. reprennent leur besogne de terrassiers, car le secteur est vaste et son organisation est loin d’être achevée. La ligne des soutiens est à faire de toutes pièces, celle des réduits est à peine piquetée.



Verdun - mars 1916.



Maintenu dans le secteur de Ribécourt, le régiment continue ses travaux, en attendant son tour de relève par des éléments du 2ème corps colonial, quand, le 20 février, appuyée par une action d’artillerie formidable, se déclenche, à l’improviste, la grande ruée allemande sur Verdun. L’heure est grave et la situation critique.

En hâte, le haut commandement français dirige sur Verdun les grandes unités immédiatement disponibles ; à ce titre, la 26ème division est, dès le début, appelée à la rescousse.

Relevé le 23 février par le régiment étranger de la division marocaine, le 121ème R.I. s’embarque en chemin de fer le 25 février à Verberie. Il débarque dans la nuit du 26 au 27 à Valmy et Sainte-Menehould, et, après deux étapes exécutées de nuit, pour masquer son mouvement aux investigations des avions ennemis, il s’installe au bivouac, le 1er mars, dans la Forêt de Hesse, aux abords de la ferme de Verrières.

Dès son arrivée, une rude tâche l’attend. Il s’agit d’organiser, en hâte, le Bois d’Esnes, pour constituer une position de repli derrière les organisations du Bois de Malancourt ; lieux qui peuvent, d’un moment à l’autre, tomber aux mains de l’ennemi.

Au bout de quelques jours, la tâche devient plus rude et plus dangereuse. Les chantiers ont été repérés ; des bombardements systématiques, en obus de très gros calibre, viennent, à chaque instant, en de violentes rafales, s’abattre sur les travailleurs, et, les surprendre. De jour, les avions survolent le bois et lancent des bombes sur eux. Il en résulte des pertes journalières assez sévères, mais qui ne diminuent en rien la bonne humeur des hommes et leur ardeur au travail.

Les travaux continuent de la sorte jusqu’au 15 mars. Entre temps, l’ennemi, qui, jusqu’au 6 mars, n’avait manifesté son activité sur la rive gauche de la Meuse que par de formidables bombardements, se lance brusquement à l’attaque du village de Forges, et, passant le ruisseau de Forges, réussit à s’établir sur la côte de l’Oie et dans le bois des Corbeaux, menaçant ainsi la hauteur du Mort-Homme, dont la possession est capitale pour la défense de Verdun.

Le 16 mars, le régiment quitte le Bois d’Esnes, pour aller à son tour en première ligne. Le 2ème bataillon tient Béthincourt et ses avancées ; le 1er occupe une ligne d’ouvrages fermés situés sur la croupe, au Sud du ruisseau de Forges, pendant que le 3e reste à Esnes, en réserve de brigade. La position occupée est établie sur un terrain complètement dénudé et fort bien vu des observatoires allemands. Il n’y a pas de boyaux vers l’arrière ; tout mouvement est absolument impossible de jour, même pour les isolés. Des pentes Ouest du Mort-Homme, les Allemands tiennent sous les feux de leurs mitrailleuses toute la zone arrière de la position et, à très courte distance, la route d’Esnes à Bethincourt, soit, l’unique voie de communication vers l’arrière. Béthincourt, copieusement bombardé, n’est plus qu’un chaos de ruines. Les ouvrages d’Alsace, de Lorraine et des Serbes, sont soumis à des forts bombardements intermittents, mais fort sévères, qui causent des pertes journalières.

La 2ème compagnie, accrochée aux flancs du Mort-Homme, dans un boyau inachevé, insuffisamment profond et dépourvu de tout abri, perd, en une seule journée, plus de 40 hommes, du fait du bombardement. L’existence est rude pour tous. Il ne faut pas songer à allumer du feu pour réchauffer les aliments, car, à la moindre fumée, les « gros noirs » arrivent en rafales. Le ravitaillement est des plus ardus.

Systématiquement, pendant toute la nuit, sans arrêt, les canons ennemis arrosent de projectiles la zone immédiatement en arrière des positions occupées, et les cuistots et ravitailleurs doivent, dans la nuit noire, louvoyer, faire des mouvements latéraux, des zigzags et de nombreux plats-ventres. Ils perdent la direction, errent dans la nuit, harassés, fourbus, et sont obligés d’attendre les premières et faibles lueurs de l’aube pour s’orienter et gagner en hâte l’emplacement de leur compagnie. Et, chaque nuit, environnés par les éclatements, soumis au tir des mitrailleuses, chargés comme des bêtes de somme, ils repartent sans se plaindre à leur dure et périlleuse corvée. Quelque fois, après avoir bien tourné et virevolté dans la nuit, on vient tomber sur le Boche.

Le 20 mars, après un bombardement d’une violence inouïe, les Allemands attaquent et enlèvent, sans coup férir, les organisations du Bois de Malancourt tenues par deux régiments de la 29ème division ; cherchant en cela à tourner par le Sud et l’Ouest la cote 304, éperon d’une importance capitale pour la défense de Verdun, sur la rive gauche de la Meuse.

Le 3ème bataillon se trouve à Esnes. Là, il reçoit l’ordre de se porter, en même temps que deux compagnies du 141ème R.I., sur le Bois de Malancourt, et, de contre-attaquer l’ennemi pour l’empêcher de déboucher du bois. Traversant sans broncher un barrage impressionnant d’obus de gros calibre, le bataillon arrive à la lisière du Bois de Malancourt, et, alors que tout d’abord arrêté par notre réseau de fil de fer, réussit à se frayer des passages à la cisaille et à refouler, ensuite, progressivement, les Allemands à l’intérieur du bois.

Ramené, par ordre, un peu en arrière, le bataillon s’organise immédiatement face à la lisière du Bois de Malancourt.

Le 22, il brise net, par son feu, une très violente attaque allemande qui débouche à la lisière Est, et qui a pour objectif la cote 304. Refoulés énergiquement, les Boches refluent en désordre, laissant plus de 300 cadavres sur le terrain. Grâce à l’énergie des braves du 3ème bataillon, la cote 304 est sauvée et le danger d’encerclement, qui pèse sur les camarades de Bethincourt, est pour le moment conjuré.

Le 27 mars, le régiment est relevé, à Béthincourt et dans les ouvrages au Sud du ruisseau de Forges, par le 37ème R.I. Par bataillons successifs, il vient bivouaquer dans le Bois de Verrières, ensuite, il est embarqué en autoscamions et conduit dans la région de Saint-Dizier. Il vient de passer un long mois dans des conditions très dures ; travaillant de jour, comme de nuit, subissant des bombardements extrêmement violents. D'autant plus, ceux qui concernent les bataillons de Béthincourt, des ouvrages d’Alsace, de Lorraine et des Serbes, qui ont vécu constamment sous la menace de l’encerclement complet, auquel cas où l’ennemi eût pu s’emparer de la cote 304. Éventualité qui, sans la magnifique résistance du 3ème bataillon, se serait produite le 22 mars. Aussi la relève et la détente qui la suit sont-elles particulièrement appréciées

La région, où cantonne le régiment est très pittoresque. Dans les cantonnements vastes et commodes de cette région agricole, sont fort bien reçus par les habitants, les poilus du 121ème R.I. qui ont tôt fait d’oublier les heures tragiques vécues dans l’enfer de Verdun. La période passée à Verdun coûte au régiment 1 officier et 56 hommes tués et 5 officiers et 248 hommes blessés.



Le secteur de Bimont.



Le 4 avril, le régiment est embarqué en chemin de fer. Le lendemain il débarque à Estrées-Saint-Denis, pour cantonner à Estrées, Moyvillers et Bailleul. Dès l’installation au cantonnement terminée, le travail est activement repris, tant pour revoir et perfectionner l’instruction, que pour réparer et remettre en ordre le matériel de toute nature. Dans cette riche région de l’Oise, en plein printemps, par un temps superbe, le 121ème R.I. achève de se remettre des fatigues de son séjour à Verdun.

Des renforts lui arrivent pour combler les vides qui se sont produits dans ses rangs. Dès le 15 avril, il est dans une forme superbe et de nouveau disponible pour donner l’effort qui lui sera demandé.

Le 24 avril, après deux étapes, joyeusement enlevées, il vient occuper le secteur de Bimont, entre le ravin de Puisaleine et Tracy-le-Val. Le secteur, boisé dans la partie Ouest ; il est assez découvert dans la partie Est. Son organisation, quoique incomplètement terminée, est déjà fort solide. L’ennemi est assez calme et ne manifeste son activité que par des bombardements dirigés surtout sur les tranchées de première ligne, et, exécutés presque exclusivement par des minenwerfer de très gros calibre. Les torpilles tombent en grand nombre. Il y en a de tous les modèles, depuis le « seau à charbon », jusqu’au grand « maous » de 240, sans oublier le « panier à salade », lequel contient cinq bombes, d’un calibre encore respectable, et qui éclatent successivement avec un vacarme effroyable.

Par bonheur, l’ennemi exécute ses bombardements par tranches successives et bien définies, tantôt au saillant des Rosettes, tantôt aux abords de la redoute des zouaves, tantôt au Champignon, et, enfin, dans la région des carrières Mingasson. De sorte qu’il est relativement facile de s’en garer.

Chaque nuit, après réception de la ration journalière de 100 à 150 minenwerfer, il faut remettre les tranchées et boyaux en état. Si l’on ajoute les travaux d’abris et l’aménagement des lignes à l’arrière, on peut se rendre compte de la tâche ardue qu’il faut mener à bien.

Malgré le travail et les minenwerfer, le secteur est ce qu’on a convenu d’appeler un secteur « pépère ». Très ombragé, peuplé de sources qui donnent en abondance une eau fraîche et limpide, ses clairières sont de véritables champs de fraises, lesquelles saupoudrées de sucre et aspergées de « gnôle administrative », viennent, de façon succulente, améliorer le menu quotidien. On peut sortir du boyau, et, sous le couvert des arbres, se promener au grand air. Le sol, composé de tuff et de sablon, est très consistant et les boyaux tiennent bien, même par la pluie. Pas de boue, pas d’éboulements.

Les ravitaillements de toutes sortes arrivent facilement ; des relèves, régulièrement espacées, ménagent aux hommes une période de dix jours de repos, sur trente, sous les ombrages épais du Camp du Maréchal. Les deux mois de séjour dans cet agréable secteur passent comme un rêve.

Cette période de secteur calme coûte au régiment 14 hommes tués et 2 officiers et 38 hommes blessés.

A partir du 28 juin, le régiment est relevé par des éléments du 100ème R.I.T. et du 86ème R.I. Il revient cantonner dans la région d’Estrées-Saint-Denis. Ainsi, l'état-major des 1er et 2ème bataillons à Arsy et le 3ème bataillon à Canly.



La Somme - 15 juillet au 28 septembre 1916.



Le 11 juillet, avertissement de se tenir prêt à faire mouvement par voie de terre. Le 12, on se met en marche pour venir cantonner à : - Saint-Martin-aux-Bois (2ème bataillon) - Vaumont (3ème bataillon) - Coivrel (1er bataillon).

Pendant cette étape, on traverse une région déjà occupée auparavant par le régiment. Le 13, nouvelle étape pour venir cantonner à : · Villers-Tournelle (état-major, 1er et 3ème bataillons,) Coulemelle (2ème bataillon).

Les journées des 14 et 15 juillet se passent en cantonnement. Tous savent que l’on va à la bataille et le 14 juillet n’en est que plus joyeusement fêté.

Le 16 juillet, la marche est reprise. Le soir, on bivouaque dans la plaine du Santerre, à l’abri du petit bois de la cote 100, près de Folies. Le 17, à partir de la tombée de la nuit, les 1er et 2ème bataillons viennent relever, entre Rouvroy et Fouquescourt, des unités des 287ème et 295ème R.I., tandis que le 3ème bataillon s’installe à Rouvroy-en-Santerre. Ce n’est plus le secteur de Brimont si ombragé, si abondamment pourvu d’eau et dont le sol était facile à travailler ; choses qui rendaient aisée notre tâche de constructeurs de boyaux. La vaste plaine de Santerre s’étale à perte de vue, immédiatement plate, brûlée par le soleil. Pas d’eau, peu d’ombre et une terre argileuse et boueuse qui, à la moindre pluie d’orage, colle aux semelles et qui transforme tranchée et boyaux en canaux vaseux, où l’on glisse et chancelle à chaque pas.

Dés l’arrivée, on reprend la pioche et la pelle. Il s’agit d’ouvrir une parallèle à 300 mètres des tranchées ennemies et d’aménager le terrain en arrière, en conformité du dispositif que doit prendre le régiment pour attaquer Fouquescourt.

Le travail en sape s’impose. Ce qui complique singulièrement la besogne. La parallèle avance rapidement. Elle est, naturellement, bien repérée et le bombardement commence, précis et régulier. Les avions ont photographié le terrain sur lequel l’aménagement du dispositif paraît déjà très nettement.

Chaque jour, les 150 prennent à partie, soit la parallèle avancée, soit les parallèles successives en arrière. Ils démolissent ainsi une bonne partie du travail de la journée. La réaction du bombardement de contre-préparation devient formidable. Il faut tout le haut moral des hommes pour arriver quand même à finir la tâche pour la date fixée.

Dans la nuit du 29 au 30 juillet, le régiment est relevé par le 105ème R.I. Il va cantonner à Thory et Sauvillers-Mongival. Sa garde de douze jours dans le secteur de Rouvroy lui a coûté 1 officier et 12 hommes tués ; 1 officier et 24 hommes blessés.

Du 1er au 7 août, le régiment cantonne à Thory. Il met à profit cette période pour exécuter, sur un terrain préparé aux environs du cantonnement, des exercices de répétition de l’attaque qu’il doit exécuter sur Fouquescourt. Dans la nuit du 7 au 8, il relève le 105ème R.I. dans le secteur de Rouvroy et reprend les travaux de préparation d’attaque sur Fouquescourt : création des dépôts de vivres, d’eau, de matériel du génie, de munitions ; préparation des gradins de franchissement, etc.

Quand, le 13 août, l’ordre est donné de suspendre tous les préparatifs d’attaque, de couvrir la première ligne par des défenses accessoires et de reprendre l’organisation défensive du secteur.

Dans la nuit du 21 au 23 août, le régiment est relevé par le 338ème R.I. et va cantonner : - Aubvillers (état-major, 1er et 2ème bataillons), Bouillancourt (3ème bataillon). Le deuxième séjour dans le secteur de Rouvroy lui coûte 2 hommes tués et 1 officier et 12 hommes blessés.



L'attaque du bois Triangulaire.



Le 28 août, l’E.M. et la C.H.R. vont cantonner à Maresmontiers. Le 1er bataillon à Malpart, le 2ème bataillon à Hargicourt, le 3ème bataillon à Bouillancourt.

Le 1er septembre, les 1er et 2ème bataillons et l’état-major sont enlevés en camions automobiles, transportés à Caix, et, dans la nuit du 1er au 2, relèvent le 105ème R.I., dans le secteur de Lihons. Le 3ème bataillon vient, quant à lui, cantonner à Rozières-en-Santerre.

Le 121ème R.I. doit participer à l’attaque générale que va exécuter le 10ème C.A. dans le but d’enlever Chilly, les Bois Frédéric et Browning, la tranchée Ferdinand, le Bois Triangulaire et la tranchée Guillaume ; manœuvre définie en vue d’encercler, et, de faire tomber, par des opérations ultérieures, le gros bourg de Chaulnes, un nœud important de chemin de fer.

La 26ème division, au centre de l’attaque, doit aligner deux régiments en premières ligne, le 121ème R.I. à gauche, le 139ème R.I. à droite. Elle est encadrée, au Nord, par la 51ème D.I. ; au Sud, par la 20ème D.I. Le terrain d’attaque n’est pas encore complètement aménagé.

Les journées des 2 et 3 septembre, ainsi que la nuit du 3 au 4, sont employées à en terminer : la mise en état ; l’achèvement des places d’armes et l’apport des munitions, vivres et eau. Cette tâche, rendue à ce point formidable, en raison du manque de temps, est menée à bien.

Pendant tout ce temps, notre artillerie tape ferme sur les organisations ennemies, sans trêve, de jour comme de nuit. Les Allemands répondent, coup pour coup, et, c’est sous de sévères bombardements que sont exécutés les travaux de la dernière heure.

Le 4, dès 9 heures, les 1er et 2ème bataillons viennent prendre leur dispositif d’assaut dans les parallèles de départ. Ils y subissent un bombardement intense qui leur occasionne des pertes sensibles.

L’attaque est fixée à 14 heures. A 13h57, les vagues successives sortent de leurs parallèles et s’alignent pour le départ. A 13h58 elles se mettent en mouvement pour serrer sur le groupe de barrage. Aligné et disposé comme à l’exercice, dans un ordre et un silence parfaits, le régiment se porte en avant d’un seul élan, suivant au plus près le barrage de notre artillerie.

Dès que la vague de tête arrive à la première tranchée ennemie, le tir de barrage allemand se déclenche, exécuté avec des obus de 105 et 150. Il a été demandé par de nombreuses fusées parties du Bois Triangulaire. Sa violence ne diminue en rien l’élan des hommes non plus que la cohésion et l’ordre dans les formations d’assaut, qui continuent leur marche sans se préoccuper des pertes et sans manifester le moindre flottement.

Les tranchées successives de la première position allemande sont enlevées. A 14h15, les éléments de tête atteignent la lisière Ouest du Bois Triangulaire. L’élan est si irrésistible, l’attaque menée si rondement, que les nettoyeurs de tranchées n’ont pas eu le temps de terminer leur besogne et que des groupes d’Allemands, sortant d’abris dont la profondeur est telle (14 mètres), ont échappé à l’œuvre de destruction de notre artillerie, sont ralliés par leurs officiers et forment, à présent, des îlots de résistance qui se mettent à tirer dans le dos de nos éléments qui ont dépassé leurs lignes. La réduction de ces îlots, qui nous occasionne des pertes, donne lieu, pour nos officiers et nos groupes de nettoyeurs de tranchées, à toute une série de combats isolés où leur bravoure, leur audace et leur esprit d’initiative se manifestent de façon éclatante.

La progression des nôtres continue sans arrêt dans le Bois Triangulaire. Les abris allemands qui s’y trouvent sont nettoyés de façon implacable, grâce au concours de la section de lance-flammes qui a accompagné nos vagues d’assaut. Tous les objectifs assignés au régiment sont intégralement atteints.

Sans perdre une minute, les compagnies en commencent l’organisation défensive, malgré le bombardement devenu très violent. La nuit est employée à consolider ces organisations. Quelques contre-attaques ennemies sont brillamment repoussées et nous ne perdons pas un pouce de terrain si brillamment conquis.

La matinée du 5 septembre est relativement calme. On l’emploie à recenser le butin de toute nature, consistant en plus de 1.000 fusils, des mitrailleuses, des minenwerfer de 240, des munitions, des outils en grand nombre, des vivres de réserve, des appareils téléphoniques, une ample provision de chocolat, de sucre, de confitures, de conserves d’abricots, ainsi qu’un lot important de bouteilles d’eau minérale qui ne constitue pas la partie du butin la moins appréciée des hommes, après une affaire aussi chaude, et, dans cette région de la soif.

Trois cents Allemands ont été faits prisonniers ; de nombreux cadavres jonchent le terrain complètement bouleversé ou gisent encore dans les abris écrasés. Notre artillerie a accompli un travail de destruction aussi effrayant que réussi. Les réseaux épais, qui protégeaient les tranchées, ont été volatilisés, les abris très profonds et très solides sont presque tous écrasés. Les blockhaus de mitrailleuses, quoique solidement bétonnés, ont été chavirés de magistrale façon.

Le Bois Triangulaire qui, quelques jours avant l’attaque, était un très beau bois, épais, touffu, peuplé de très beaux arbres en pleine verdure, n’existe pour ainsi dire plus. Il présente un aspect chaotique d’un vaste abatis où se dressent, çà et là, quelques troncs noircis et calcinés, sans la moindre trace de verdure.

La soirée du 5 septembre est des plus mouvementées. A partir de 14 heures, les Allemands dirigent sur nos positions, et, plus particulièrement sur la lisière Ouest du Bois Triangulaire (tranchée Karoline), un bombardement d’une violence inouïe qui semble être le prélude d’une attaque. Elle est enrayée par nos tirs de barrage. Les quelques éléments ennemis qui réussissent à déboucher sont fauchés par le tir de nos mitrailleuses et de nos F.M. qui n’en laissent pas un seul debout.

Le bombardement fait rage. De 14 heures à 16 heures, plus de 8.000 obus tombent sur le bois.

Dans la nuit de 5 au 6 septembre, le lieutenant-colonel BOURG reçoit l’ordre de reprendre l’attaque dans les conditions suivantes : s’installer au carrefour de la route Chaulnes-Lihons et de la tranchée des Sélénites, attaquer sur le point 727 en liaison avec la 51ème D.I., puis chercher à relier ces différentes attaques, de 735 vers la tranchée des Sélénites, et, en progressant dans le Bois Triangulaire vers la cerne Sud-Est du bois, qu’il y aurait gros intérêt à atteindre.

Le mouvement doit être exécuté au Nord du bois, par un bataillon du 105ème R.I. et, au Sud du bois, par la 11ème compagnie. L’attaque part à 16 heures. Au Nord, le bataillon BONNOT atteint son objectif, par un combat, pied à pied, malgré une résistance tenace de l’adversaire.

Au Sud du bois, la 11ème compagnie, entraînée brillamment à l’assaut par le capitaine de la CHAUME, enlève d’un seul bond la tranchée des Sélénites, dont les défenseurs sont tous tués à la baïonnette. Contre-attaquée à 16h 30, cette belle unité repousse vaillamment l’ennemi, sans céder la moindre parcelle du terrain qu’elle vient de conquérir.

Seul, un îlot allemand situé au point de jonction avec le 92ème R.I. résiste encore à l’attaque de ce régiment sur la demi-lune n’ayant pas entièrement réussi à être conquise. Cet îlot est réduit le 7 au matin, après avoir été encerclé et attaqué à la grenade. 60 prisonniers y sont cueillis.

Le deuxième objectif assigné au 121ème R.I. est, cette fois encore, intégralement atteint. Sans perdre une minute, sous un bombardement rageur, une tranchée est établie à travers le Bois Triangulaire, entre les positions conquises par le bataillon BONNOT et la compagnie La CHAUME.

Les contre-attaques tentées par l’ennemi, le 7 et les jours suivants, ne réussissent pas à nous faire reculer d’une semelle. Du 7 au 15, le régiment reste sur la position qu’il a si bravement conquise. Il continue sans relâche ses travaux d’organisation, et, supportant des bombardements d’une violence inouïe, ininterrompus, de jour comme de nuit. En raison du manque d’abris, ils lui occasionnent de très grosses pertes, sans que son haut moral en soit en rien diminué.

Le 15 septembre, relevé sur ses positions par le 105ème R.I., il vient s’installer en réserve de division dans les baraques du Bois des Ballons.

La période du 1er au 15 septembre lui a coûté 5 officiers et 174 hommes tués ; 10 officiers et 545 hommes blessés, soit au total, 15 officiers et 719 hommes.

Le séjour, au demi-repos, dans le camp du Bois des Ballons, n’est pas de longue durée. A peine le régiment s’est-il reconstitué par l’arrivée de renforts, appartenant en majorité à la classe 1916, qu’il lui faut relever le 105ème R.I. dans le secteur Lihons-Chaulnes, récemment conquis par lui.

Pendant cette période de secteur, qui ne dure que huit jours, il n’est procédé qu’à des travaux d’organisation tendant à consolider les positions conquises et à créer des communications vers l’arrière. La pluie est venue. Le sol, complètement retourné et remué par les obus ne tient en place. Tout croule, tout s’éboule. Il faut, pour avoir des boyaux solides, réaliser, le long des parois des revêtements en claies et en fascines, maintenues par des piquets profondément enfoncés dans le sol du boyau et dont l’extrémité libre est attachée par des fils de fer à des harts, de quoi compenser l’effet des poussées latérales. Le fond du boyau est garni d’un caillebotis sur toute la longueur. Et pendant tout ce temps, les deux artilleries restant très actives ; la ration journalière d’obus demeure copieuse.

Le 30 septembre au soir, en conséquence du régime de relève établi, retour au Bois des Ballons, où l’on reste huit jours à gratter la boue qui forme une cuirasse sur les effets. Les huit jours sont vite passés et, le 9, nous relevons le 105ème R.I, dans le secteur Lihons-Chaulnes.



L'affaire de la tranchée du Héron.



Le 10 octobre, la 54ème division doit exécuter à la gauche du régiment une attaque dont le but est de s’emparer des tranchées de Toscane et du Héron, ainsi que des bois au Nord de Chaulnes. Cette attaque doit être soutenue par les feux de la compagnie de gauche du 3ème bataillon. Cette compagnie doit, en outre, occuper les tranchées de Toscane et de Sicile, qui seront enlevées au premier bond par le 208ème R.I. Ensuite, elle aura à relier la tranchée de Toscane à la première ligne Nord du Bois Triangulaire. Le restant du 3ème bataillon, tout en maintenant sa ligne, couvrira le flanc droit de l’attaque du 208ème R.I. Il l’appuiera par ses feux de mitrailleuses et de V.B.

L’attaque du 208ème R.I. se déclenche à 11 heures. A 11h 10, le 3ème bataillon occupe la position qui lui a été assignée et appuie de ses feux la compagnie du 208ème R.I., chargée d’enlever la tranchée du Héron.

Cette attaque ne réussit que partiellement.

A 14h30, le 2ème bataillon doit étayer l’attaque du bataillon de droite. Sous un bombardement très dur, au prix de pertes sérieuses, la 6ème compagnie réussit à s’emparer de la tranchée du Héron et à établir un barrage à quelques mètres du point de jonction de cette tranchée avec la tranchée du Sagouin. La section GOUPIL et la section de mitrailleuses NATY de la C.M. 2 sont chargées de la défense de ce barrage.

Le 12 octobre, vers 16 heures, une contre-attaque se déclenche, très supérieure en nombre. Pris de front et à revers, les braves qui composent ces deux sections livrent un furieux corps à corps et, refusant de se rendre, se font tuer jusqu’au dernier. Le lendemain, nous pouvions, à l’aide de nos jumelles, apercevoir leurs casques alignés par les Allemands sur le parapet de la tranchée.

Quelques jours plus tard, la tranchée du Héron définitivement conquise, nous retrouvions les corps du lieutenant GOUPIL et des hommes de sa section, tous au grand complet. L’état de la tranchée et des nombreux cadavres allemands mélangés à ceux de nos braves, et, que l’ennemi n’a pas eu le temps d’ensevelir, disent éloquemment quelle a été l’âpreté de la lutte.

Le 20 octobre, relevé par le 105ème R.I., le régiment stationne trois jours à Hangest-en-Santerre, et, de là, enlevé en camions automobiles, il va cantonner dans la zone Villers-Tournelle-Coullemelle. Son séjour en secteur, du 10 au 20 octobre, et les combats auxquels le 2ème bataillon a pris part, lui ont coûté 1 officier et 72 hommes tués, ainsi que 3 officiers et 141 hommes blessés. Les périodes de repos, pendant la bataille de la Somme, ne sont jamais de longue durée.

Le 31 octobre, le régiment remonte en camions automobiles. Il débarque à Rosières-en-Santerre. Dans la nuit du 1er au 2 novembre, il relève à nouveau le 105ème R.I., dans le secteur Lihons-Chaulnes. Le travail d’organisation et de remise en état des nouvelles positions (tranchées du Héron et du Sagouin) est immédiatement repris. Les pluies incessantes ont rendu le terrain impraticable ; les tranchées et les boyaux s’effondrent de toutes parts. Le maintien des communications devient un problème presque insoluble. Le matériel nécessaire, caillebotis, fascines, claies, piquets, bois d’abris, ne peut arriver que jusqu’à Lihons. Pour l’amener en ligne, c’est un parcours de plus de trois kilomètres, par des boyaux inondés, dans la boue jusqu’à mi-cuisse et à travers une région constamment bombardée.

Le 4 novembre, dans l’après-midi, les Allemands bombardent violemment le secteur. 25 obus de 305 tombent sur Lihons ; ils écrasent plusieurs caves. L’un d’eux tombe sur un abri des sapeurs.

A la gauche du régiment, le 7 novembre à 9h59, la 75ème brigade attaque les villages de Pressoire et Ablaincourt. A 12 heures, les deux villages sont enlevés, le bataillon situé à gauche du 121ème R.I. a appuyé l’attaque par ses feux ; il a bénéficié, au passage, d’une bonne partie du bombardement de réaction de l’artillerie ennemie.

Des deux côtés, à partir du 8 novembre, on n'enregistre plus d’action d’infanterie. Toutefois, les deux artilleries demeurent très actives. Les travaux de consolidation et d’entretien de la position sont continués, au prix d’efforts considérables jusqu’au 27 novembre. Date à laquelle le régiment est définitivement relevé dans le secteur de Lihons, par des éléments de la 20ème division.

Le séjour en secteur pendant le mois de novembre a coûté 27 hommes tués et 69 blessés. Au total, les pertes résultant du feu pendant la bataille de la Somme sont, pour le régiment, de 7 officiers et 287 hommes tués ; 15 officiers et 801 hommes blessés. Au total, 22 officiers pour 1.088 hommes de troupe.



Il passe au 105ème Régiment d'Infanterie Territorial le 7 novembre 1916.



Du 2 au 12 novembre, repos à Coulemelle. Puis le Régiment va occuper, le 13 novembre, le secteur des bois de Chaulnes situé au Nord de celui de Lihors et où les conditions d'existence sont peut-être encore plus pénibles. Enfin il est relevé le 30 novembre.



Il passe au 139ème Régiment d'Infanterie Territorial le 2 décembre 1916.



Nos ennemis contenus à Verdun et vaincus sur la Somme opèrent le grand repli dit stratégique, qui conduit la 26ème D. I. jusqu'aux abords immédiats de St-Quentin. Le contact est repris sur la fameuse ligne Hindenburg.

Le 139ème a pour mission de s'emparer de la cote 108, devant Grand Seraucourt ; c'est le 1er Bataillon rénforcé en cours d'opération par le 2ème Bataillon qui en est chargé. L'attaque arrêtée par les feux de mitrailleuses provenant de la cote 108 reprend sous là protection de nos tirs d'artillerie et atteint son objectif.

Le 15 avril le régiment relève le 121ème dans le secteur Pire-Allert, Moulin-de-tous-Vents, et reçoit le 18, après un violent bombardement, trois attaques convergentes sur un saillant du secteur Pire-Aller. Contenus à la grenade, les assaillants ne parviennent à pénétrer dans quelques éléments de tranchées que lorsque les défenseurs ont épuisé leur approvisionnement en grenades.

Aussitôt ravitaillé le 3ème Bataillon et une section de la 11ème Compagnie, contre-attaquent. Le terrain est repris intégralement.

Les Allemands à Verdun perdent en un jour le résultat de plusieurs mois d'efforts. La 26ème D. I: qui défendit Verdun aux heures pénibles de 1916 méritait bien ,de participer à ce retour offensif.

Le Général PÉTAIN, commandant en chef, rassemble la 26ème D. I. au Camp de, Mailly quelques jours avant l'attaque ; son entretien se résume par une promesse conditionnelle qui sera tenue grâce à la vaillance de notre régiment. Avant de partir à l'assaut, les hommes en connaissent la récompense, ils sont bien sûrs de la mériter.

Le 139ème a pour mission de s'emparer de la cote 304. L'attaque se déclanche le 20 août.



Il passe au 141ème Régiment d'Infanterie Territorial le 11 janvier 1917.



Après cette période tragique et glorieuse, le 141ème fut chargé de la défense de l’embouchure de l’Yser et de la tête de pont de la rive droite.

Pendant deux ans, jusqu’en mars 1918, avec quelques brefs intermèdes (instruction, occupation du secteur de Berny-en- Santerre, de Merkem), il a fièrement et fidèlement monté la garde sur les rives du fleuve illustré par la brigade des fusiliers marins. Ce fut une longue et pénible occupation d’un secteur délicat et dangereux, délicat parce qu’il commande les routes de la Panne et de Dunkerque, dangereux et difficile à défendre parce qu’il est constitué par une faible bande de terrain mi-fangeux, mi sablonneux d’une profondeur moyenne de 800 mètres, dominé en avant par des dunes puissamment organisées par l’ennemi, nids à minnenwerfer, derrière par l’Yser fangeux, véritable bras de mer où croupissent encore les cadavres de 1914.

Sur ce terrain mouvant il fallut édifier toute une organisation de superstructures (tranchées, boyaux, abris en sacs à terre). Travail de géant réalisé malgré les « bamboulas » légendaires pendant lesquelles les tortilles ennemies anéantissaient les défenseurs et les organisations du secteur.

Lorsqu’une partie de cette tête de pont fut perdue par les anglais, on sentit mieux encore combien notre défense avait été vigilante et active. Le 23 avril notamment, le bataillon DAZY brisa une forte attaque ennemie qui devait nous refouler dans l’Yser. A l’aube les guetteurs de première ligne signalent des bruits suspects dans les tranchées ennemies et aussitôt, après un sifflement prolongé, un brouillard s’élève ; de couleur jaune verdâtre, il roule lentement vers l’Yser, poussé par un vent léger, foudroyant de ses émanations les malheureux endormis.

Les sirènes jettent l’alarme ; chacun, masque au visage, bondit à son poste de combat. A l’abri d’un barrage de feux, les marins de la garde se ruent sur nos tranchées, pénètrent dans la première ligne évacuée par ordre, poussent jusqu’à la deuxième, mais là se heurtent à la résistance farouche des grenadiers qui barrent les boyaux Verrières et Stolz.

Après un sanglant corps à corps, l’ennemi est refoulé dans ses lignes.



Le 27 mai 1917 Léon PANTEIX décède dans l'ambulance Océane à La Panne (Belgique).

Blessé le 27 mai 1917 dans le secteur de Niewport, plaie pénétrante au crâne, région frontale, par éclat de bombe, il obtient la Médaille Militaire, à titre posthume, le 18 mai 1922.